Parfum de Chine au Rond point

Publié le par LG

Commerce. De plus en plus de boutiques tenues par des asiatiques s’implantent au Rond Point. Explications.

Alors que les restaurants chinois sont implantés un peu partout dans la ville du Havre, cinq boutiques de vêtements, d’accessoires, d’alimentation, de bazar, tenues par des patrons chinois ou d’origine chinoise, coexistent en une distance de deux cents mètres environ, sur la rue Aristide Briand.

Les commerçants sont venus pour la plupart de la ville de Wenzhou, située sur la côte sud-est de la Chine. Ils ont tous passé un séjour à Paris avant d’arriver au Havre. «Nous, les Wen zhou ren (les originaires de Wenzhou), nous n’avons pas de racine, nous allons à l’endroit où nous pouvons faire du buisness», explique Huang Sheng*, patron des «Folies du bazar». Cet avis est partagé par les patrons des autres boutiques, car la raison pour laquelle ils sont venus, est la même: «j’ai trouvé ce magasin à vendre, et ce n’est pas cher pour moi, donc je l’ai acheté et je me suis installé ici avec ma famille», témoine Yang Shishan, le plus jeune de tous. A 23 ans, il est au Havre depuis deux ans et il gère sa boutique de vêtements baptisée «Eastern Charm».

Mode de fonctionnement

Pour investir dans le commerce, ces hommes d’affaires comptent beaucoup sur leurs parents et leurs amis. «La plupart de nous trouve le commerce à acheter par l’intermédiaire des proches», affirme Huang Sheng. C’est pourquoi en général leurs prédécesseurs sont déjà des chinois.

Pour le capital nécessaire, «ce sont les amis ou les parents qui nous prêtent d’abord», dévoile Yang Guosheng, gérant du Baleo, qui vend les accessoires de mode. «Si je dois d’abord mettre de l’argent à côté pour enfin pouvoir faire du buisness, je serais déjà vieux», rigole-t-il.

Pourtant, il y a celui qui succède à un patron français, c’est le cas de Yang Shishan. «Nous sommes la première boutique de vêtements de ce genre», signale sa cousine, «mais maintenant, il en existe plusieurs, tenues par des Français». Ce qui donne encore plus d’impression que la rue est «envahie» par les produits chinois.

Quant à leurs marchandises, «elles viennent de Paris, par l’intermédiaire des grossistes des articles chinois», confirme Cai Sipasseuth, patron du supermarché d’alimentation Hoa Soung. Laosien naturalisé Français, son magasin est un des fournisseurs des restaurants chinois, «je suis d’origine chinoise», confie-t-il en mandarin.

En revanche, Huang Sheng commande ses produits non seulement à Paris, mais aussi de la Chine. «Parfois des bateaux arrivent au bon moment, et j’en profite pour les récupérer directement au port du Havre», précise-t-il, «j’ai également des liens avec des entreprises françaises. Pour certains catégories, ils ont une qualité meilleure.»

Limité par leur niveau de la langue française, ces commerçants ont parfois des difficultés de communication et de compréhension avec la société française. Cela explique pourquoi ils ne fréquentent pas beaucoup les Français, mais surtout se voient entre eux. «Cela bloque nos affaires de temps en temps», regrette Yang Guosheng. Dans ce cas, ils sont obligés de demander secours à leurs enfants, qui sont nés, qui grandissent en France et qui s’intègrent mieux dans ce pays.

*Ce prénom a été modifié.

L’avenir vu par les patrons

Le port du Havre est le premier de France en tant que tonnage, et la vie économique de cette ville s’améliore chaque année. Pourtant les patrons chinois ne sont pas convaincus de la perspective de leurs boutiques. «Ces dernières années, les affaires ne tournent pas très bien», raconte Huang Sheng, «Certains chinois ont investi à des magasins, mais ils ont perdu de l’argent, et ils ont dû partir». C’est approuvé par le départ d’une boutique de chaussures sur l’avenue René Coty, non loin de l’Hôtel de ville. Cet avis est également partagé par Yang Guosheng, qui pense que les Havrais préfèrent des articles bon marché. «Cette ville n’a pas attiré beaucoup de commerçants chinois, parce que par rapport à des villes comme Marseille, Lyon ou Toulouse, les gens sont plus pauvres.»



L'article et l'encadrée ont été publiés dans Paris-Normandie version Le Havre du mardi 7 août 2007.

Publié dans Paris-Normandie

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